Des entreprises spécialisées aux amateurs, ils remontent la blockchain


En remontant la piste des faussaires, les enquêteurs amateurs entendent assainir l’économie de la blockchain. C’est aussi un moyen, pour d’autres, de faire la promotion de leurs activités.

Début juin, l’internaute ZachXBT annonçait sur son compte Twitter qu’il était visé par une plainte en diffamation. Le plaignant s’estimait en effet lésé par une publication du jeune américain, qui l’accusait d’avoir détourné, en 2018, l’équivalent de 30 millions de dollars (26,7 millions d’euros) en cryptomonnaie. Rapidement, des anonymes comme des noms reconnus dans le monde de la « crypto » se sont mobilisés, réunissant l’équivalent de 1,26 million de dollars (1,12 million d’euros) pour constituer un fond de défense. Car ZachXBT est devenu en deux ans le visage d’une communauté grandissante d’enquêteurs amateurs qui scrutent attentivement les différentes blockchains (chaînes de blocs) dans lesquelles sont inscrites toutes les transactions en cryptomonnaie.

La mission qu’ils se sont fixée : retrouver la trace de fonds volés ou d’escroqueries, mais aussi détecter les nouvelles tendances de ce secteur hyperspéculatif. Ainsi, au tableau de chasse de ce jeune homme, entre autres, le pistage des fonds volés au protocole de finance décentralisée Platypus au mois de février. Il a également aiguillé l’enquête de la police française ayant permis l’arrestation de cinq voleurs de NFT (jetons non fongibles, soit des certificats de propriété pour des fichiers numériques), en octobre 2022.

Une vocation née, chez beaucoup de ces enquêteurs amateurs, après qu’ils ont eux-mêmes été escroqués. « J’ai été arnaqué une fois : nous n’avions plus de nouvelles d’un projet et j’ai décidé de retracer le parcours des fonds », explique Thomas Perrin, qui officie sous le pseudonyme de Crypt0celot. Il explique avoir appris à le faire en s’informant sur YouTube et en discutant avec d’autres experts, avant de publier ses enquêtes sur Twitter. L’occasion de redorer le blason d’un secteur au riche potentiel à ses yeux. « L’intérêt premier est de prévenir les gens. J’œuvre pour la démocratisation de l’écosystème [de la blockchain], et les arnaqueurs empêchent cette démocratisation », résume-t-il.

Pour autant, cette vague d’arnaques et de piratages est aussi une opportunité pour les entrepreneurs, dans un mouvement qui n’est pas sans rappeler celui connu par le secteur de la cybersécurité dans les années 1990. Les enquêtes publiques de Crypt0celot sont ainsi également un moyen, pour lui, de se faire de la publicité : il a ainsi créé une entreprise spécialisée dans la due diligence de projets basés sur la blockchain, c’est-à-dire dans la vérification afin de rassurer les éventuels investisseurs du sérieux de porteurs de projets.

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Catégorie article Politique

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